L’eczéma est une maladie de peau qui impacte la qualité de vie d’un nombre croissant de personnes. Il n’existe à ce jour aucun remède pour en venir définitivement à bout, mais des solutions naturelles peuvent soulager les symptômes. Découvrez de quelle manière les vitamines D, E, B12 ainsi que les oméga-3 peuvent être de précieux alliés face à la maladie.
L’eczéma, une maladie de peau commune
L’eczéma est une maladie chronique de la peau d’origine inflammatoire, qui affecte jusqu’à 20% des enfants et 3 % des adultes. Ce terme général peut s’appliquer à différentes pathologies, comme l’eczéma de contact provoqué par une substance allergisante ou la dermatite atopique, la situation la plus fréquente.
L’eczéma apparaît le plus souvent dans l’enfance, et évolue par poussées entrecoupées de périodes de rémission. Il se traduit par la présence de plaques rouges qui surviennent sur divers endroits du corps, à l’aspect rugueux et parsemées de vésicules suintantes qui finissent par former des croûtes. Il n’existe à ce jour aucun traitement curatif de l’eczéma, mais certaines approches peuvent soulager les symptômes.
Vivre au soleil pour ne plus souffrir d’eczéma
Certaines personnes constatent que leur eczéma s’aggrave au cours de la saison hivernale. Par ailleurs, l’exposition aux rayons UV est une méthode thérapeutique employée pour traiter certaines formes sévères de la maladie. Les conditions climatiques auraient-elles donc un impact sur la maladie ? Tout semble l’indiquer.
Une étude menée au sein de l’université d’Oslo par le professeur Byremo a comparé l’évolution des symptômes chez des enfants envoyés pendant 4 semaines sous un climat subtropical à celle de leurs camarades restés en Norvège. Les signes typiques de l’eczéma se sont atténués avec ce changement de latitude, et des bénéfices étaient toujours présents 3 mois après leur retour.
L’équipe du professeur Weiland de l’université d’Ulm en Allemagne a quant à elle mis en évidence une fréquence accrue de dermatite atopique chez les enfants nés dans des pays présentant un faible degré d’ensoleillement. Dans ces régions, les carences en vitamine D sont courantes. En effet, cette vitamine est produite au niveau de notre peau sous l’action du rayonnement UV. Serait-ce donc l’élévation de son taux qui expliquerait les bénéfices du soleil en cas d’eczéma ?
La supplémentation en vitamine D3 atténue l’eczéma
Carlos Camargo et ses collègues de l’hôpital général du Massachussets ont exploré cette question. Ils ont mené une première étude auprès d’un petit groupe d’enfants souffrant de dermatite atopique en hiver, qui a montré une amélioration de la situation grâce à une supplémentation en vitamine D3.
Forts de ce succès, les chercheurs se sont associés à une équipe de l’université de Mongolie pour mener une étude à plus grande échelle. Ils ont regroupés 107 enfants vivant dans cette région du monde aux hivers rigoureux, où la population est fortement carencée en vitamine D. Une partie du groupe a reçu 1000 UI de vitamine D3 par jour, tandis que les autres jeunes participants ont pris un placebo. Le traitement a été administré sur un temps relativement court, un mois. Malgré cela, les symptômes de la maladie ont bien reculé chez les jeunes patients ayant bénéficié de la supplémentation, sans effets indésirables.
Mais la supplémentation en vitamine D semble également en mesure d’atténuer la maladie même dans des régions au climat plus clément. Une étude menée par des chercheurs de l’université des sciences médicales d’Orumieh en Iran a validé les bénéfices de l’administration de 1600 UI pendant 60 jours chez des personnes de 14 ans et plus pour atténuer les formes légères, modérées ou sévères de dermatite atopique.
Un dosage bien plus important de 5000 UI sur une durée de trois mois a été utilisé lors d’une étude conduite au Mexique par Armendariz Sanchez. À la fin de cette période, les symptômes de la maladie étaient moins intenses chez les participants dont le taux sanguin de vitamine D dépassait 20 ng/ml. Chez 80 % des personnes n’atteignant pas ce taux, l’eczéma prenait une forme plus sévère.
Ce lien entre l’intensité des symptômes et le taux de vitamine D sanguin a également été mis en évidence lors d’une étude menée par des dermatologues de l’université de Toronto au Canada auprès de 77 enfants.
Cette supplémentation en vitamine D peut même se faire pendant la grossesse sans aucun risque. L’utilisation d’une forme de vitamine D huileuse en flacon est préférable aux sprays ou gélules qui contiennent souvent des additifs chimiques supplémentaires.
La vitamine E, un antioxydant aux bénéfices avérés contre l’eczéma
Une autre vitamine semble à même de lutter contre la maladie, la vitamine E. Une équipe dirigée par le professeur Tsoureli-Nikita de l’université de Sienne en Italie a montré que l’administration de 400 IU (268 mg) de vitamine E naturelle mais sous forme d’alpha-tocophérol seul pendant 8 mois permet d’atténuer les niveaux d’immunoglobulines E (IgE). Ces anticorps sont anormalement élevés chez les personnes souffrant d’eczéma. Le traitement a conduit à une amélioration des symptômes chez 23 personnes sur 50, et 7 d’entre elles ont présenté une rémission presque complète. Chez ces dernières, la chute du taux d’IgE a été spectaculaire, avec une diminution de 62 % par rapport au taux initial.
Un autre essai clinique, mené par des spécialistes en nutrition et en biochimie de l’université de Téhéran, a étudié les effets de l’administration de vitamine E et de vitamine D, soit de façon exclusive, soit en association. Les 45 volontaires souffrant de dermatite atopique ont été répartis en quatre groupes. Dans le premier, les participants recevaient deux placebos ; dans le second 1600 UI de vitamine D3 et un placebo ; dans le troisième 600 UI de vitamine E synthétique (d l-alpha-tocophérol) et un placebo ; dans le quatrième, les deux vitamines. Les traitements duraient 60 jours.
Au final, chacune des vitamines a apporté des bénéfices comparables, conduisant à une réduction du score reflétant l’intensité des symptômes de 34,8 % pour la vitamine D et de 35,7% pour la vitamine E de 35,7%. Un effet synergique a été constaté quand elles ont été administrées ensemble, avec une diminution de 64,3% de ce score.
Coupler la prise de vitamines D et E est donc une piste intéressante. En revanche, il convient peut être d’adapter les dosages et les formes utilisées. En effet, pour tirer des bénéfices optimum de la vitamine D sur la santé, la posologie quotidienne doit être comprise entre 4 000 et 8 000 UI. En revanche, les doses de vitamine E utilisées dans le cadre de ces études sont élevées, qui plus est sous forme synthétique, et la prise de fortes doses d’antioxydants à long terme peut avoir des effets néfastes sur notre organisme. Pour une utilisation à long terme, les chercheurs recommandent plutôt de la vitamine E sous forme d’un mélange des 4 tocophérols naturels et à dose plus faible. C’est ce qu’on retrouve comme dans les multivitamines d’UNAE, qui intègrent tous un flacon de vitamine D3 végétale offert.
Une crème enrichie en vitamine B12 pour remplacer les applications de cortisone
Une autre manière de traiter l’eczéma est l’usage de vitamine B12. Mais pas par voie orale dans ce cas, plutôt en application cutanée sur les lésions. Son efficacité réside dans sa capacité à réduire la production d’oxyde nitrique au niveau de la peau. Ce gaz favorise la dilatation des vaisseaux sanguins, contribuant ainsi à l’inflammation des tissus, à la survenue des démangeaisons et des rougeurs caractéristiques de l’eczéma.
Le professeur Stücker et son équipe de l’université de Bochum en Allemagne ont conduit un essai auprès de 49 personnes souffrant de dermatite atopique. Les participants devaient appliquer de la crème enrichie en vitamine B12 sur un côté de leur corps et une crème placebo sur l’autre, matin et soir pendant 8 semaines. Le score reflétant l’intensité des symptômes a chuté de 55 points avec l’usage de la crème enrichie en B12, contre seulement 29 point pour la crème placebo.
La même approche a été testée par le professeur Januchowski du centre médical régional de Spartanburg (USA) chez l’enfant. Chez les jeunes patients âgés de 6 mois à 18 ans qui recevaient le traitement pendant 1 mois, les lésions de la partie du corps où la crème enrichie en B12 a été utilisées ont régressé de façon plus manifeste qu’avec le placebo.
L’étude la plus récente a été menée en Italie, avec une application de crème trois fois par jour pendant 12 semaines, chez 22 personnes souffrant de dermatite atopique modérée. À l’issue du traitement, le score des symptômes avait décliné de 77,6% avec la vitamine B12, contre seulement 33,5% avec la crème placebo.

Application de crème à la vitamine B12 sur les mains en cas de dermatite atopique ou eczéma
Même si elles sont conduites auprès d’un petit groupe de patients, ces études semblent ainsi attester de l’efficacité de cette approche. Elle représente une alternative potentielle à l’usage des crèmes classiques à base de cortisone, qui peuvent avoir des effets indésirables au niveau de la peau (fragilité, problèmes de cicatrisation, dépigmentation, vergetures…).
Les crèmes utilisées pour ces études contiennent 0,07 g de cyanocobalamine (une forme synthétique de la vitamine B12) pour 100g de produit. La crème Provi-Derm B12 est un exemple des produits disponibles sur le marché.
Les autres vitamines du groupe B (vitamine B1, vitamine B3, vitamine B6 ou vitamine B9) n’ont pas démontré d’efficacité pour lutter contre l’eczéma.
Des oméga 3 pour contre balancer l’excès d’oméga 6 à l’origine des déséquilibres de l’immunité
Les maladies allergiques comme l’eczéma sont en progression depuis quelques décennies, et cette augmentation des cas pourrait être la conséquence du déséquilibre qui s’est installé dans le régime occidental typique entre les apports en acide gras polyinsaturés oméga 6 et oméga 3.
En effet, les premiers, apportés par les huiles végétales de tournesol et de maïs notamment, sont largement en excès par rapport aux seconds, présents dans les huiles de poisson, de colza ou de noix.
En conséquence de ce déséquilibre, l’acide arachidonique (un acide gras oméga 6) se retrouve en abondance dans nos tissus et entraîne les dysfonctionnements immunitaires contribuant au développement de l’allergie. Augmenter les apports en oméga 3 permet de limiter l’omniprésence de l’acide arachidonique et donc d’atténuer ces phénomènes et les réponses inflammatoires. Ainsi, la supplémentation en oméga 3 est l’une des pistes étudiées pour combattre l’eczéma.
De l’huile de poisson chez la femme enceinte pour prévenir l’eczéma de son bébé
Une étude conduite par Janet Dunstan de l’université de Perth en Australie a été menée auprès de 83 femmes enceintes présentant une peau atopique. Une partie d’entre elles a reçu une supplémentation d’huile de poisson apportant 3,7 g d’oméga 3 par jour, de la 20ème semaine de grossesse à l’accouchement, tandis que les autres ont pris un placebo.
L’objectif des chercheurs étaient de déterminer si le traitement pouvait avoir des conséquences positives sur ces enfants à risque de présenter, comme leur mère, un terrain allergique. À leur naissance, les bébés nés de femmes ayant bénéficié du traitement à base d’huile de poisson présentaient une quantité de messagers liés à l’allergie plus bas que les autres bébés. À l’âge de 1 an, ils avaient trois fois moins de risque de réagir au test cutanée d’allergie aux œufs. Ceux qui souffraient de dermatite atopique présentaient des signes moins sévères de la maladie quand leur mère avait été supplémentée.
Une autre étude australienne basée sur le même type de protocole, dirigée par le professeur Palmer de l’Institut de recherche pour la santé des femmes et des enfants d’Adelaïde, a porté sur un groupe plus important de mères, un peu plus de 700 femmes. La moitié environ du groupe a reçu 900 mg d’oméga 3 pendant la grossesse. Les résultats ont montré que leurs enfants avaient un risque réduit de dermatite atopique et d’allergie aux œufs à l’âge de 1 an.
Des petits essais cliniques ont mis en évidence les bénéfices d’une supplémentation en oméga 3 une fois la maladie installée. L’un d’eux mené par Anders Bjørneboe de l’unisversité d’Oslo en Norvège a montré l’intérêt d’une supplémentation de 12 semaines avec 10 g d’huile de poisson apportant 1,8 g d’EPA (acide eicosapentaénoïque).
Un autre, mené par le professeur Koch de l’ hôpital universitaire de la Charité de Berlin, a validé les bénéfices de l’administration de 5,4 g de DHA (acide docosahexaénoïque) pendant 8 semaines. La production d’IgE a diminué et avec elle l’intensité des symptômes.
En revanche, quel que soit le complément alimentaire utilisé, il est important que les oméga-3 que vous achetez aient l’indice TOTOX le plus bas possible. Sans cela, le produit peut être totalement inefficace.
Utiliser la spiruline contre l’eczéma ?
On lit parfois que la spiruline, elle aussi réputée pour sa capacité à neutraliser les radicaux libres, serait à même de soulager les symptômes de la maladie. Aucune étude scientifique ne prouve ses bienfaits pour cette indication.
Mais la prudence est de mise, dans la mesure où parmi les rares cas d’allergie à la spiruline décrits dans la littérature scientifique, l’un est survenu chez un jeune homme de 17 ans présentant un terrain allergique associant eczéma, asthme, rhinite allergique et allergie alimentaire à la tomate et au concombre. Pour en savoir plus sur la spiruline, vous pouvez lire notre article dédié à cette algue.
- L’eczéma atopique est une maladie de peau chronique liée à des défauts de la barrière cutanée, à un déséquilibre du système immunitaire et à des facteurs environnementaux.
- Un déficit en vitamine D est associé à des symptômes plus sévères de la maladie, qui s’atténuent avec une supplémentation idéalement comprise entre 4000 et 8000 UI par jour.
- La vitamine E peut corriger le déséquilibre du système immunitaire et faire régresser les symptômes. Les fortes doses nécessaires (de 400 UI à 600 UI) imposent un traitement sur un temps limité.
- L’application de crème enrichie en vitamine B12, qui s’oppose à la dilatation des vaisseaux sanguins contribuant à l’inflammation, est une alternative à l’usage des crèmes à la cortisone.
- La prise de compléments alimentaires d’acides gras oméga-3 compense l’excès d’oméga 6 de l’alimentation moderne, exerce un effet préventif lors de la grossesse sur l’eczéma de l’enfant et pourrait atténuer les symptômes de la maladie.
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